52è Congrès Eucharistique International

En 2020, Budapest accueillera le 52e Congrès Eucharistique International

Abbé André HAQUIN
(CIPL-Commission Interdiocésaine de Pastorale Liturgique) 

Pourquoi a-t-on créé les Congrès eucharistiques ?

Ces rassemblements internationaux de catholiques s’inscrivent dans l’histoire politique et religieuse de leur temps. Le premier congrès eut lieu à Lille en 1881. Dans les années suivantes, trois autres se sont tenus en Belgique : à Liège (1883), à Anvers (1890), à Bruxelles (1898). C’est à une laïque française, Melle Tamisier, que revient le projet.

Elle parvint à convaincre divers ecclésiastiques, notamment des évêques, de l’utilité de telles rencontres pour l’Eglise de ce temps. La France et la Belgique connaissaient une vague de laïcisme et de « guerre scolaire ». Les catholiques pouvaient-ils tolérer d’être exclus du débat social, comme une certaine opinion le réclamait ? Les grands rassemblements eucharistiques ne pouvaient-ils leur redonner la fierté d’être chrétien et les encourager à prendre leur place dans le monde ?

Le pape Léon XIII invitera les catholiques à s’investir dans la question sociale (Rerum Novarum, 1891). Dans son encyclique Mirae caritatis (1902), Léon XIII, – toujours lui – , souligne le rôle de l’eucharistie pour la rénovation de la société. A l’occasion du Congrès eucharistique de Jérusalem (1893), il souhaite que les catholiques occidentaux découvrent les liturgies orientales, car si les liturgies diffèrent selon les cultures, elles peuvent exprimer la même foi chrétienne. Le pape dénonce la latinisation des communautés catholiques unies à Rome et montre son intérêt pour ce qu’on appelait alors l’Union des Eglises, prélude à l’Oe cuménisme contemporain.

Les Congrès eucharistiques et la redécouverte de la communion fréquente

Pendant les 25 premières années, les Congrès eucharistiques ont donné une voix au Mouvement eucharistique (adoration, Quarante heures, etc.) mais aussi au Mouvement liturgique, inauguré en 1909 au Mont César (Louvain) sous l’impulsion de Dom L. Beauduin, fondateur du Monastère d’Amay-Chevetogne. On y entend exprimer le souhait que les catholiques retrouvent le chemin de la communion eucharistique. Car, loin d’être la « nourriture des parfaits », le Corps du Christ est le Pain de la Vie pour les « chrétiens en marche ». De même plusieurs orateurs insistent pour que les fidèles ne communient plus avant ou après la messe, mais au moment prévu par la liturgie, au sommet de l’action de grâce ecclésiale. Il faudra attendre que les normes sur le jeûne eucharistique évoluent pour que ce dernier voeu devienne réalité.

S. Pie X était convaincu qu’il fallait rouvrir largement le chemin de la communion. Il répondra à cette demande par deux documents, le Décret sur la « communion fréquente et même quotidienne » (1905) et celui qui concerne la « communion précoce » des enfants (1910). Ces initiatives furent efficaces pour contrecarrer les tendances rigoristes ou « jansénistes » qui ont beaucoup nui à la pastorale des sacrements. Le pape fut aussi le premier à réformer certains aspects de la liturgie chrétienne, comme l’Office de louange, et à stimuler la pratique du chant liturgique et la « participation active » de tous les fidèles.

Pie XI et le Christ « Roi de l’univers »

A son tour, Pie XI est préoccupé du renouveau de la vie sociale et de l’affermissement de la paix internationale, mise à mal par la première guerre mondiale. Il promeut efficacement l’ « Action catholique » des laïques qui a porté de très beaux fruits. Les six congrès eucharistiques, tenus entre les deux guerres mondiales sont marqués par ces préoccupations. Les papes déclinent les richesses de l’eucharistie en rapport avec les nécessités de leur temps et des objectifs pastoraux qu’ils proposent à l’Eglise. L’eucharistie n’a-t-elle pas toujours été la « source » et le « sommet » de la vie de l’Eglise, selon les affirmations de Vatican II (S.C. 10) ?

Vatican II et la réforme liturgique

Au fil des années, les Congrès eucharistiques ont intégré les convictions majeures de Vatican II, en particulier concernant l‘Eglise, « peuple de Dieu » dont tous les baptisés sont les membres. Chacun est chargé de l’annonce de l’Evangile en raison de son baptême. Chacun est invité à être témoin du Christ dans le monde.

A la suggestion du célèbre liturgiste J.-A. Jungmann, le Congrès de Munich (1960), a été conçu comme une Statio Orbis (un arrêt dans un lieu du monde pour célébrer l’eucharistie, sacrement du salut). Cette manière de voir le Congrès s’inspire de la Statio Urbis pratiquée par les papes au cours des temps. Depuis les premiers siècles, les papes se rendent dans différentes églises de la Ville pour y célébrer la liturgie et signifier que toutes les communautés chrétiennes sont en communion et expriment l’unité de l’Eglise universelle.   

La dernière période des Congrès eucharistiques

Il faut rappeler en particulier le Congrès eucharistique de Lourdes (1981) qui a situé le pain eucharistique en rapport avec le pain du partage : « Jésus-Christ, pain rompu pour un monde nouveau ». Un important colloque théologique tenu à Toulouse, intitulé « Responsabilité. Partage. Eucharistie », a préparé les participants à cette rencontre. Le sacrement de l’eucharistie et les réalités sociales s’éclairent mutuellement et invitent à une vie chrétienne unifiée. Les Congrès suivants ont également été attentifs aux « signes des temps » : « Eucharistie et Famille chrétienne »  (Naïrobi, 1985) ; « Christ notre Paix » (Séoul, 1989) ; « Christ Lumière des peuples » (Séville, 1993) ; « Eucharistie et Liberté » (Pologne, 1997). Le Jubilé de l’an 2000 (Rome) s’est centré sur « Jésus-Christ, unique Sauveur du monde. Pain pour la vie nouvelle ». Les œuvres de miséricorde ont marqué la rencontre de Bombay (1964) et à Bogota (1968), la cause des pauvres et les injustices sociales, les programmes de développement et la solidarité ont été mis à l’honneur.

Depuis Vatican II, la mise en valeur de la nouvelle liturgie est au centre des nombreuses rencontres internationales. Les Congrès sont aussi des lieux de catéchèse et d’évangélisation, notamment grâce aux enseignements de l’après-midi, assurés par des évêques venant de plusieurs continents, par divers témoignages de laïcs, et dans les petits groupes d’échanges. Ces Congrès peuvent être considérés comme une « visite fraternelle » à une Eglise particulière, comme des « retraites de plein air », comme un apprentissage de la vie chrétienne et de la fraternité. Les deux derniers congrès eucharistiques se sont tenus en Irlande (Dublin, 2013) et aux Philippines (Cebu, 2016).

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